Un serviteur parfait est comme un vetement que l'on aime porter, il est là, mais on ne le sens pas.

Madame était heureuse en ménage, cela se voyait…  Néanmoins,  elle trouvait ma présence divertissante et utile. Je ne rechignais jamais à entretenir ses nombreuses paires  de chaussures, à lui offrir aussi de nouveaux modèles. Elle trouvait naturel qu’un serviteur demeure digne et chaste, malgré ses confidences de femme épanouie. Elle voyait, je crois, avec indulgence mes regards qui se perdaient sous ses jupes,  je croyais même, parfois, qu’elle m’encourageait… Mais affirmer une telle chose, aurait pu créer un quiproquo irréversible.

Madame laisse passer un sourire espiègle. Je trouve, à vrai dire, son comportement désinvolte… et malicieux. Mon regard plonge malgré moi dans le décolleté de sa longue robe noire; longue, mais judicieusement fendue, étudiée pour dévoiler ses jambes et laisser entrevoir par instant le haut de ses bas. Le couple visite Paris. J’ai invité Madame et Monsieur dans un restau indien assez chic. Nous avons longuement discuté de ma vocation pour l’obéissance et le fétichisme. Ils évoquent leurs  rencontres  avec d’autres couples. Ils ne pratiquent pas l’échangisme, ils recherchent plus une excitation visuelle, vivre des moments exaltants, propices à souder leur couple dans un érotisme raffiné plutôt que l'affaiblir dans des situations approximatives. Je dois leur servir de guide et d’assistant pendant leur séjour.

― N’est-ce pas… « Éprouvant » de fréquenter des couples et se contenter du simple plaisir de servir ?

La serveuse a entendu. Je vois qu’elle sourit, elle aussi… J’attends qu’elle éloigne. Je sens  la question chargée d’un brin d’ironie.

―  Oui, madame. Mais c’est le prix pour être au service d’un couple qui veut profiter des avantages d’un serviteur sans devoir partager son intimité avec lui.

Monsieur finit son verre de vin puis lance :

― Vous ne regrettez pas trop cette posture?

― Très souvent, mais c’est ce qui me permet à cet instant de vous côtoyer et peut-être gagner votre confiance.

― N’est-ce pas « humiliant » ?

― C’est trop complexe à définir en un seul mot, Monsieur. Rencontrer des couples qui aiment se faire servir, est aussi l’occasion de croiser des gens créatifs et décomplexés qui affirment une certaine… Suprématie, j’en conviens.

Sur le chemin de l’hôtel, mon regard s’accroche aux jambes « nylonnées » de Madame, à ses pieds chaussés d’escarpins noirs vertigineux. J’accompagne le couple jusqu’au pied de l’ascenseur de l’hôtel. Un ascenseur rétro équipé d’une grille. Monsieur se déplace sur le côté pour laisser passer son élégante épouse.Il referme la grille. J’ai un instant l’impression qu’il pousse la porte de ma cellule, pour me laisser languir dans la prison de mes désirs ambigus.

―  Sandalin… Le magasin, cet après-midi, celui où nous avons regardé la lingerie noire…

―  Oui, Madame, je me souviens.

― J’aimerais assez que vous vous procuriez cet ensemble, il plait beaucoup à mon mari.

―  Bien sûr... Quelle est votre taille, Madame ?

― Débrouillez-vous, Sandalin. Voyez par vous-même…

Madame ouvre son manteau. Elle déboutonne le haut de sa robe pour me montrer sa poitrine soutenue par un soutien-gorge demi-bonnet. Ses pointes de seins emergent avec noblesse et fierté hors de la luxueuse lingerie.

― Vous voyez mieux ?

Le hall de l’hôtel est vide. J’avale ma salive avant de dire.

― Je vois Madame… Et pour le bas ?

Monsieur embrasse sa jolie femme dans le cou, puis il remonte sa robe jusqu’au ventre. Elle porte un string dentelle assorti au soutien-gorge. Madame se retourne. Sa magnifique anatomie se révèle à mon regard profane. Mes yeux sont rivés à cette merveille des merveilles. La main de monsieur passe et repasse doucement sur la croupe orgueilleuse.

― J'adore sentir tes mains sur mes fesses, chéri... Madame se tourne vers moi : Sandalin,  Prenez-moi quelques paires de bas aussi, je vous prie. Nous ferons une séance photos dans la chambre de l’hôtel avant de partir. Maintenant, vous comprendrez que Monsieur et moi avons mieux à faire?

Je reste sans voix. L’ascenseur décolle brutalement. A travers la grille je vois Madame et Monsieur disparaitre dans les airs en route vers une nuit voluptueuse.

J’ai passé 15 jours à servir une ex-collègue de travail, une dame de grande classe, assistante de direction, à qui j’avais avoué mes désirs de servitude. Madame m’a proposé un jour de la servir elle et son mari. Je le fais depuis, assez régulierment, suivant leurs demandes et mes disponibiltés.

Malgré la température estivale, je portais dès 6 h 30, heure à laquelle déjeunait Monsieur, jusqu’au soir 23 h, une chemise blanche col fermé par un nœud papillon rose ou noir, un pantalon habillé et des chaussures noires fermées.

— Ce rôle de valet semble vous aller, Sandalin. Une vraie révélation semble-t-il ?

— Oui, Madame, je suis très bien ici, mais j’étais aussi bien avec vous dans l’entreprise. Vous seconder m’apportait de grandes satisfactions.

— Votre zèle m’a toujours laissé pressentir cette issue…

Madame T se laissa aller à cette remarque en observant ma réaction

— Oui, j’ai refusé longtemps ces desirs... Mais la vie sait mettre les gens à leur place.

Madame affichait un sourire satisfait.

— Je suis bien heureuse de vous voir réagir aussi positivement. Vous n’avez pas de… « vie privée »… C’est quand même un gros sacrifice ?

— Il faut bien le reconnaitre, Madame, mais j’assume. Ma vocation est d’obéir...

— Peut-être vaut mieux-t-il être un bon domestique qu’un amant médiocre ? Votre lucidité vous honore. Pouvez vous allez chercher le bouquet dans ma voiture, et le mettre dans l’eau avant l’arrivée de nos amis ?

— Bien sur, Madame.

J’ai ensuite servi  l’apéritif. Les deux couples projetaient d’aller diner en ville. Madame portait un tailleur moulant. Sa robe très courte devoilait audacieusement ses jambes bronzées. Je trouvais Madame T... magnétique et très digne.